Autrefois de haute noblesse, la princesse Alstom s’était vue jeter un horrible sort par deux méchantes sorcières, Renaissance Cruise et ABB Power. Les deux vieilles harpies s’étaient penchées sur elle et l’avaient maudite à jamais. Condamnée à déchoir et à errer sans fin, elle n’avait trouvé refuge que dans les caves de la taverne du SRD, établissement bien peu recommandable, où l’on trouvait, au propre comme au figuré, à boire et à manger. Petite servante d’abord honnie et snobée par les autres pensionnaires, qui ne l’appelaient plus que « penny stock », affamée, pâle et souffreteuse, on craint même un moment pour sa vie.
Pourtant, un jour, elle se fit remarquer par un preux chevalier, le sieur de Sarko. Le sieur de Sarko, guerrier au coeur de pierre ou plutôt d’artichaut, fut pourtant ému par la blancheur et la santé fragile de la belle. Il la prit sous son aile protectrice et fit faire une grande collecte dans tout le pays, pour donner une dote digne de son rang à la pauvre princesse. Un prétendant était là, lui aussi, qui la couvait du regard. Mais faute de trousseau, point d’avenir pour les deux tourtereaux. Ce jouvenceau n’était autre que le beau Patrick. Chaque foyer de la contrée mit donc un peu de son épargne pour garnir le bas de laine de l’impécunieuse demoiselle. Ce fut une grande réussite.
La belle Alstom et le fier Patrick purent enfin faire des projets d’avenir. Ils partirent même dans un grand voyage de noce circum planétaire, Chine, Argentine, Thaïlande, Singapour et tant d’autres pays merveilleux. Retrouvant leur rang perdu, ils emménagèrent finalement dans un bel appartement du grand château du Cac 40, et Alstom eut même le droit de retrouver ses couleurs, le fameux blason de sable au TGV d’or croisé à la turbine de gueuIe. Tout allait bien, dans le meilleur des mondes.
Pourtant un autre homme était là, tapi dans l’ombre, le jeune Martin. Martin était le fils d’un grand bourgeois de la ville, qui avait lui aussi en son temps, acquis quelques appartements de prestige dans ce grand château. Ce damoiseau avait une tête de benêt, mais trompait bien son monde. Sous l’apparence ingrate d’un fils à papa trop gâté, se cachait une redoutable intelligence et finalement même, un grand pouvoir de séduction. Le jeune couple et Martin se croisèrent un soir, lors d’un bal donné dans les grands salons de réceptions. Et là, ce qui devait advenir, arriva. Martin au premier regard tomba sous le charme de la belle Alstom et il se murmure que ce fut bien réciproque.
Et c’est ainsi, comme à chaque fois, à la fin des contes modernes, qu’ils vécurent heureux ensemble, à trois, et eurent beaucoup de dividendes...euh d’enfants, pardon.
PS : Bon, maintenant que vous connaissez la vraie histoire, par pitié ne l’appelez plus jamais « mamy ».