Le maquignon timide
Le centrisme, cette vieille chimère politique
Reprit une à une les idées de la droite historique
Pour les estampiller discrètement « centre authentique »
Rien n’y avait changé, si ce n’est la sémantique
L’idée était bonne et l’homme visionnaire
Peu de gens pensèrent au simple plagiaire
Il adaptait ses mots pour mieux nous plaire
Pour ravaler son ego, il n’était pas si fier.
Dans son parti pourtant, une toute autre situation
Il n’y supportait pas la moindre opposition
On n’y avait le choix qu’entre suspension et exclusion
De la démocratie, à l’UDF il ne restait que le nom.
Les centristes historiques ne s’y trompèrent pas
Et rejoignirent tour à tour, Sarkozy de Nagybocsa.
Pour ses partisans, toujours aucun tourment
L’ostracisme restait la règle jusqu’à l’aveuglement
Son grand dessein quand même se faisait jour
Il aurait pu nous le présenter avec moins de détours
Mais masqué par l’inanité et l’ennuyeux du discours
Difficile d’apercevoir clairement le bout du parcours
Un grand parti démocrate sauce à l’américaine
Par opposition à l’UMP qu’il voyait républicaine
Il le bâtirait sur l’UDF et les ruines du vieux PS
Où le socialisme n’engendrait plus la liesse.
Il y avait à cela qu’une nécessaire condition
Que le PS fit le mauvais choix dans sa présélection.
Ségolène Royal fut pour lui la bénédiction.
Désormais plus de barrage à sa grande ambition
Il lui restait à quitter son allure de maquignon timide
Et sa fadeur où le douceâtre confine à l’insipide
Pour adopter un style plus incisif et chryséléphantin
Plus conforme à la stature d’un président régalien
Paris vaut bien une messe disait un célèbre béarnais
Dont du statut de fils spirituel, secrètement il rêvait.
D’Henri le quatrième, il hérita le cheval et la messe
Et du troisième les colères mâtinées de tendresse
Reconnaissons lui le courage de l’obstination
Mais l'homme ne peut plus avoir de tergiversations
Le décor maintenant planté, il ne peut plus reculer.
Il lui faudra expliquer son projet, sans nous enfumer.