Film curieux : Edvard MUNCH

Une adaptation de la vie du peintre Munch, ma foi fort réussie avec cette belle trouvaille de filmer une fiction comme un documentaire (avec, par exemple, des interviews de visiteurs des expositions ou des "confessions" des contemporains de Munch). Le commentaire off joue aussi la carte du documentaire ; l'impression est très curieuse. Ca renouvelle bien le genre, plutôt planplan, de la biographie filmée et c'est bigrement séduisant. Il y a aussi, c'est l'intérêt, l'évocation d'un parcours artistique hors normes, au sein d'une société figée, celle de la Norvège des années 1880, mais aussi l'Allemagne de Bismarck. Remarque étrangement lucide de Kokoschka, découvrant la peinture de Munch : "il traduit une peur panique là où chacun croit trouver ce que l'on nomme le progrès social". Le film part du journal intime du peintre. L'idée de la folie est constamment présente, mais aussi celle de la mort et de la sexualité, toujours mêlées, et des hantises qui remontent à l'enfance (4 frères et soeurs morts tout de même, des scènes de tuberculose récurrentes). On arrive progressivement à la création picturale elle-même, sur un mode explicatif qui n'est jamais lourdingue.
Le film (Peter Watkins) date de 1976 et n'a visiblement jamais été distribué en France... C'est curieux. Et rare. Pour les Parisiens, il est distribué dans (encore) deux salles. Euh... ça dure 3 heures )

Le film a l'air très intéressant.
J'aime beaucoup Munch, particulièrement La Frise de la vie (Le Cri, La Voix, L'Anxiété et Cendres) qui est une merveille de symbolisme.

Difficile de ne pas être "impressionné" justement!

La réflexion de Kokoschka est en effet très judicieuse à propos de l'angoisse qui jaillit des tableaux.
Marini (le sculpteur) disait que sitôt que l'art exprime la peur, il s'écarte nécessairement de l'idéal classique.
Enfin, c'est un sujet de réflexion passionnant;-)