Tiens, je viens de m'y mettre aussi, voici la première et unique page de mon futur livre.
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Le soleil avait depuis longtemps déserté la plage, il n’en restait dans le ciel que quelques traces flamboyantes par delà la pointe rocheuse. Il n’y avait pas que lui à avoir abandonné les lieux, les estivants, les parasols et jusqu’aux odeurs de crèmes solaires, s’étaient eux aussi évaporés. Ne restait que Loïc, assis sur la plage, et au loin un groupe d’adolescents attardés, préparant un feu pour ce qu’ils appelaient une soirée « merguez » et qui s’apparenterait plutôt à une soirée « whisky à gogo ».
Saisissant, l’une après l’autre des poignées de sable sec, il les laissait couler lentement entre ses doigts, les observant comme le symbole vivant du temps qui passe, d’une vie qui file, puis il recommençait, faisant le vide dans son esprit. Et c’est à ce moment, ou la détente confine à l’infini, qu’il sentit rester entre ses doigts un corps étranger, plus gros que les autres, mais aussi plus lourd et de forme régulière, une pièce sans doute. La luminosité était encore suffisante pour percevoir l’environnement, mais plus assez pour distinguer les détails. Il se leva, mis machinalement ce qu’il pensait être une pièce dans sa poche et se résigna à rentrer.
Remontant la plage, il s’engagea dans le petit chemin de sable. Les cyprès qui le bordaient, dégageaient, après cette journée de canicule, des effluves uniques de sous bois citronnés. De ces odeurs familières qui nous rassurent, tant elles sont liées à de bons souvenirs. Décidément, c’était une belle journée qui s’achevait.
Sa maison était toute proche, à l’autre bout du chemin de la grève, dans ce coin de paradis que la mairie avait oublié de bitumer, de garnir de trottoirs et de mobilier urbain. Dans le jardin, sur la petite terrasse en dalles de granit, éclairée seulement d’une lampe à pétrole et de quelques photophores, ses parents discutaient autour d’un verre avec deux couples d’amis. Il fit le tour de l’assemblée, serrant la main des hommes et embrassant les femmes, puis s’assit, et accepta le verre de sangria qu’on lui proposait.
La sangria n’était pas à proprement parlé une boisson locale, mais en cet été torride, son succès allait croissant dans tout le voisinage. De ces boissons oubliées, qui subitement reviennent à la mode sans que l’on sache trop pourquoi. Loïc aurait bien écrit une thèse sur le retour en grâce de la sangria, mais il savait que son œuvre n’aurait tenu qu’en deux mots : « les glaçons ».
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Bon, je vous résume l’histoire vite fait, Loïc trouve une pièce sur la plage, il s’agit en fait d’un statère grec en or. Mais que fait donc une pièce de l’antiquité grecque sur une plage bretonne ?
De fil en aiguille, de rebondissements en coups de théâtre, Loïc retrouve des traces d’une expédition de marins grecques et sans doute même du passage d’Ulysse en Bretagne ! On va jusqu’à une convergence inattendue entre certaines légendes celtiques et quelques passages de l’Odyssée. Me reste plus qu’à relire l’Odyssée que j’ai oubliée en grande partie, pour trouver les fameuses convergences, mais avec ce genre de bouquin, on peut faire avaler n’importe quoi à n’importe qui et y trouver tout ce qu’on veut, y compris ce qui n’y ai pas.
Pas de morts, pas de sang et presque pas de quéquette...et donc pas de ventes non plus.
Parution automne 2019 dans une collection 9/12 ans.